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On est tous passés par là.
On va pas se mentir, la situation est délicate.
Avant d’attaquer le coeur coulant du sujet, deux petits préalables :
1. Le politiquement correct voudrait que l’on considère que toute personne est toujours “ belle telle qu’elle est ”. Ainsi, il s’agirait de toujours la vanter, et surtout de ne jamais remarquer que lapin a mis un fion gros comme la porte d’Aix.
Outre que cette attitude traduit un flagrant défaut de couilles panache, elle est moralement contestable. Oui, tout à fait, petit couard : contestable.
-Déjà, on va pas se mentir, au lit, ce sera pas la même (à moins que vous soyez un Antillais en couple mixte). Ce qui, sur longue période, est sous-optimal pour la durabilité de votre couple.
-D’autre part, la dépression et l’anxiété étant positivement corrélées aux kilos en trop, si vous aimez votre femme, il est sain que vous vous souciez, non seulement de ses bonnes formes, mais de sa bonne forme.
-Enfin, le lard étant pareillement associé à toutes sortes de maladies cardio-vasculaires, si vous vous souciez de votre progéniture, sans doute préfèrerez-vous que vos enfants ne voient pas leur mère alitée parce qu’elle a attrapé la goutte, ou qu’ils portent le deuil dès l’adolescence parce que Maminouche a fait un infarctus, à force de gober des Cheerios.
2. Deuxième point : il se peut, cher lecteur, que vous soyez une lectrice.
Ne vous inquiétez pas ! Vous pouvez rester, et lire la suite ; nous acceptons très volontiers les gouines.
Il se pourrait même que vous soyez une femme et que votre partenaire soit un homme. De même, restez donc ! Nous allons vous aider à faire suer son gras à ce gros lard ; nos conseils, en réalité, ne sont guère genrés.
Astuce : ne dites pas à votre femme qu’elle est grosse, elle le sait déjà.
Le nombre de conseils de nature psychologique que nous allons développer ici se montera à : 1.
Il sera celui-ci : il est inutile de faire remarquer à votre femme qu’elle a « pris du cul ». En effet, à de très rares exceptions pathologiques, les gens tendent à remarquer qu’ils ont une bouée autour du fion qui les oblige à marcher comme un putain d’hippopotame.
Pour le reste, nous ne prétendons pas que tous les leviers psychologiques sont inopérants, mais plutôt qu’ils sont trop nombreux, complexes et ardus à définir pour être mobilisés utilement dans un article de blog : il faudrait faire du sur-mesure (taille XL, donc).
Psychologie inversée, promesses, menaces, colère, compassion inextinguible : tout, potentiellement, peut marcher, mais pas sur tout le monde. Les profils de personnalité sont tellement nombreux et distincts que nous ne pouvons détourer une règle générale.
Soucieux d’efficacité générique, nous nous concentrerons plutôt sur des leviers actionnables dans tous les cas, et actionnables par vous.
Or, comme souvent, en la matière, la bonne réponse se confond souvent avec le bon diagnostic.
Pourquoi donc votre petit chaton est-il devenu un éléphanteau ?
Il y a trois grands facteurs à la prise de lard (qui peuvent se cumuler, à l’évidence). Détaillons-les, puis définissions des leviers d’action ad hoc.
1. L’âge.
Si votre femme est Jane Fonda et que vous la trouvez “ un peu moins bonne que quand elle avait vingt ans ”, désolé de vous l’apprendre, mais celle-ci va même finir (de même que vous) dans une boite en 220 X 70 X 40 cm (220 X 80 X 80 si vous êtes un de ces infâmes couples d’Américains obèses). Et, avant cela, la proportion de cellules adipeuses dans son corps va naturellement et irrésistiblement augmenter, toutes choses égales par ailleurs. Il est donc possible, si vous avez 70 ans, qu’il faille seulement vous détendre un peu (vous n’en avez plus pour très longtemps à tenir, de toute manière).
Mais il est également possible, et quel que soit l’âge, de jouer précisément sur ces choses égales par ailleurs. Ce qui nous amène au deux points suivants.
2. L’alimentation.
Les lois de la thermodynamique étant ce qu’elles sont, si votre amoureuse ingère plus de calories que son corps n’en dépense, ce dernier trouvera une solution astucieuse pour stocker le surplus. La chimie des hormones complique certes un peu la chose, mais tout bodybuilder vous le dira : l’alimentation, c’est 70% du résultat.
Or, sur ce sujet, vous pouvez prendre le lead.
Je vous renvoie ici à notre article sur le partage des tâches domestiques, mais, en synthèse : tactiquement, vous avez tout intérêt à vous positionner sur les courses et la confection des repas – d’une manière générale, et dans le cas qui nous intéresse ici.
Maîtrisant les courses, vous maîtriserez la quantité des sucreries et le volume de Doritos qui passeront le seuil de la porte. Maîtrisant la confection des repas, non seulement vous vous régalerez, donnant du fil à retordre à Philippe Etchebest, mais vous pourrez décider au passage de ce qu’ingèrent Maman et les petits, définissant à la fois les doses, et les règles.
Autorisation pour tout le monde de se resservir en bifteck – mais pas en dessert.
En gros, c’est pas compliqué : augmentez les doses de prot’ et légumes, et baissez celles de carbohydrates (sucres et sucres lents, en bon français). Pour bien faire, la consistance étant la clé, la chose doit être mise en oeuvre sur tous les repas : celui du soir est le plus facile à opérer, mais idéalement vous devez prévoir les bentos pour le midi et vous envoyer sur des petits-déjeuners spectaculaires, proposant des farandoles visuellement attractives qui incitent à manger de l’omelette, du jambon et du fromage, plutôt que les oeuvres de maître boulange : tâchez de discrètement faire passer tout le monde du triple pain au chocolat à la mini-viennoiserie.
3. L’activité physique.
Nos modes de vie sont absurdes. Nous sommes faits pour courir dans la savane et tous les jours que Dieu fait nous passons dix heures de rang assis devant un écran, dans un état d’hébétude qui confine à la catalepsie. Ensuite nous nous “reposons” en regardant une série Netflix, au lieu d’aller forniquer sainement pendant deux heures.
Et finalement on se demande pourquoi on ressemble à une saucisse de Morteau, et pas à Brad Pitt dans Fight Club.
Il est certes probable que votre femme fasse une séance de zumba par semaine mais, pas la peine de vous faire un dessin, ce ne sera pas suffisant pour avoir le boule de J-LO, une fois passée la trentaine. Va falloir monter en intensité sur le cardio, et augmenter les poids.
Or, là encore, vous pouvez passer à l’action.
L’idée est conne, et difficile à mettre en œuvre, j’en conviens, mais n’en demeure pas moins potentiellement efficace : proposez à Maman de faire du sport avec elle, en amoureux.
Si vous lui proposez de se mettre au MMA ou à l’haltérophilie, les chances de la convaincre seront maigres (de même, si vous êtes une lectrice, il sera plus facile de convaincre votre mari de se mettre à la boxe française qu’à la danse contemporaine, s’il a le physique de Hulk Hogan). Mais si vous faites un effort vous-mêmes, les chances de réussite sont, disons, non-nulles.
On ne vous suggère pas de vous humilier et de vous mettre au rock acrobatique ou à la salsa, mais plutôt de chercher une ligne de crête. Privilégiez, pour commencer, les sports ludiques. Le badminton ou le paddel sont marrants. L’escalade est fun, aussi, ou le SUP, si vous habitez près d’une flaque.
La fausse bonne idée : les sports dans lesquels vous avez déjà une expertise. Si vous êtes classé 15-1 au tennis et que vous amenez votre femme qui n’a enverra systématiquement la balle par-dessus le grillage plutôt que par-dessus le filet, la probabilité que vous pétiez une durite est sensiblement élevée. Or, votre femme n’appréciera guère de se faire hurler dessus parce qu’elle ne comprend pas la différence entre un revers slicé et un lifté.
Le père rétro-futuriste sur son reformer, sous l’oeil de la professeur de Pilates, inflexible.
Enfin, si maman est vraiment rétive, peut-être faudra-t-il transiger et accepter d’aller à un cours hebdomadaire de Yoga ou de Pilates.
Le Pilates sur machine est très efficace et horriblement cher (ci-dessus, un » reformer « ), mais l’alternative sur tapis n’est pas très onéreuse ; il faut simplement accepter de se faire sermonner parce qu’on ne sait pas “ activer le transverse ” ou positionner ses ischions. (Que veux-tu, amie en legging, si on me dit de soulever une barre, je comprends l’idée, mais pas si on me demande de concentrer mes viscères autour de mon rachis.)
De ce point de vue, le yoga est peut-être une meilleure alternative, pour les mâles : quel que soit le sport que vous pratiquez par ailleurs par passion, les étirements vous seront bénéfiques, et le rapport à l’effort et à la douleur sera plus commun : il suffit en somme d’endurer des stretching sans fin, dans des positions à la con. La prof (généralement très bonne, c’est un avantage) vous proposera peut-être, au début du cours, de chanter un truc en hindi au bénéfice de Shiva ou de quelque autre dieu païen. Vous pouvez tout aussi bien réciter le Je-vous-salue-Marie, toutefois.
En conclusion : montrez l’exemple.
Indépendamment du poids de forme de votre compagne, il est convenu que vous devez être jacked as hell pour être un père de famille digne de ce nom. Il serait, par ailleurs, particulièrement odieux que vous espériez que votre femme reste aussi bonne que Cameron Diaz, alors que vous avez le physique de Gérard Larcher.
Il peut également être pertinent de montrer l’exemple, dans l’espoir, possiblement vain, d’être suivi.
Une étude américaine avait montré que lorsque le père de famille se met à aller à l’église, le plus fréquent est que sa femme et le reste de la famille, finalement, suivent (ce qui n’est pas le cas si c’est la mère qui initie la chose, étrangement).
Il se pourrait donc, de même, que si vous décidez de vous lever à 5:30 du matin pour aller faire des soulevés de terre, votre femme, un jour, finisse par vous rejoindre dans le garage. A titre personnel la chose n’a pas du tout fonctionné mais, qui sait, peut-être la discipline spartiate peut-elle finir par convaincre, si les résultats sont là.
Rien n’empêche en tous cas d’essayer : au pire, votre femme, à défaut de redevenir bonne, sera fière de vous. Ce sera déjà ça.
Le père rétro-futuriste et sa femme, après le cours de Pilates. Je ne sais pas qui est ce nain, par contre.
(c) : SEGA