Nullement un modèle, mais une inspiration malgré tout : malgré...
Read MoreBlog
La révolution sexuelle a détruit le communisme dans le seul endroit où il était utile : la famille.
Michel, forever.
Le communisme d’Etat, cette merde, a échoué lamentablement partout où il a été essayé depuis 150 ans. Mikhaïl Gorbatchev considérait certes qu’il existait une exception – la France, “ seul pays communiste qui a réussi ” – l’équivoque semble toutefois devoir être réglée sous peu. Il est désormais manifeste que le pays au plus haut taux de prélèvement obligatoire de l’histoire de l’univers va finir comme le Vénézuela (et qu’il s’appuiera ensuite, dans son agonie, soit un Maduro, soit un Milei).
Pourtant, il existe une sphère de la vie humaine où le communisme fonctionne de manière harmonieuse : la famille.
Qu’on y songe : la propriété privée y est abolie (au moins partiellement), tandis que les sujets doivent vénération et obéissance au Parti Unique (dans ce cas, les parents). Bien sûr, le communisme familial a ses limites : passée l’adolescence, les enfants devront se libérer de la dépendance parentale, et apprendre à vivre seuls. En outre, si tout le monde apprécie le partage dans le cadre de la vie de famille (repas, jouets communs), chacun apprécie aussi d’avoir son petit pré carré : ces objets qui n’appartiennent qu’à lui.
Mais enfin, globalement, la chose fonctionne plutôt bien, et depuis quelques millénaires désormais.
On notera au passage que l’éducation bobo / positive / pédagogiste / insert the last dumb shit here, qui consiste en gros à libéraliser le fonctionnement familial, aboutit plus souvent qu’à son tour à des divorces, des dysfonctionnements et des épidémies de cheveux bleus à l’adolescence.
La libéralisation du couple : prélude à l’effondrement général.
Par-delà la famille constituée, une forme de communisme fonctionnait également, pour ce qui la précède et la détermine : l’appariement mari-femme. C’est précisément la thèse du roman Extension du domaine de la lutte de Michel Houellebecq.
Chef d’œuvre de dépression 90’s, ce livre constituait une des premières critiques de la “ révolution sexuelle ” qui ait été acceptée comme possiblement légitime. Derrière cette révolution anthropologique (pilule, avortement, divorce, adultère et vagabondages sexuels tolérés) Houellebecq voyait la marque d’une libéralisation : le remplacement de règles collectives par l’organisation libre de l’intérêt individuel. Mobilisant des personnages pathétiques (le narrateur, mais surtout l’inénarrable Raphaël Tisserand), le romancier montrait comment l’extension du libéralisme au “ marché de la séduction ” avait amené à une quantité de souffrances inédite.
“ Dans un système économique où le licenciement est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver sa place.
Dans un système sexuel où l’adultère est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver son compagnon de lit.
En système économique parfaitement libéral, certains accumulent des fortunes considérables, d’autres croupissent dans le chômage et la misère.
En système sexuel parfaitement libéral, certains ont une vie érotique variée et excitante ; d’autres sont réduits à la masturbation et à la solitude. ”
Il est intéressant de constater, deux décennies plus tard, à quel point la clairvoyance de Michel relevait, outre l’observation, de la préscience : les applications de rencontre sont venues concrétiser l’apparition d’une véritable “ bourse du sexe et de l’amour ” (d’un marché au bestiau, pour le dire plus trivialement) avec objectivation chiffrée de la valeur marchande. Elles ont également permis d’établir définitivement la réalité statistique que subodorait Houellebecq : 5% des mecs sur Tinder se tapent effectivement 80% des nanas.
“ Tout comme le libéralisme économique sans frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue. Certains font l’amour tous les jours ; d’autres cinq ou six fois dans leur vie, ou jamais. Certains font l’amour avec des dizaines de femmes ; d’autres avec aucune. C’est ce qu’on appelle « la loi du marché ». ”
Conséquences de cette organisation sociale post-révolution sexuelle : incels pré-terroristes et masturbateurs frénétiques ; meufs désespérément attirées par les Chad mais déçues du genre masculin qui les considère (croient-elles, compte tenu de l’expérience qu’elles ont elles-mêmes paramétrée !) comme une unité de plus à leur bodycount ; explosion du nombre des divorces.
Toutes les options devant perpétuellement rester ouvertes pour “ saisir toute opportunité se présentant sur le marché ”, les relations amoureuses pérennes deviennent, logiquement, impossibles.
Retour en grâce des modalités traditionnelles ou disparition de l’Occident ?
Compte tenu de l’incohérence de nos sociétés et de la frustration qu’elles induisent, il est possible que nous approchions de la fin de ce mouvement. Nous retournerions ensuite, bien sagement, à des modes d’organisation de l’appariement et de la famille qui minimisent le malheur, maximisent la reproduction de l’espèce et favorisent la stabilité familiale, mais aussi l’amour.
Il est également possible que nous ayons atteint la fin de l’Occident, entre-temps.
“ Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d’amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n’était plus possible.
Phénomène rare, artificiel et tardif, l’amour ne peut s’épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté de mœurs qui caractérise l’époque moderne. ”
“ Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants ; un tel mode de vie appauvrit l’être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l’autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. Et on mène ensuite, évidemment, une vie de torchon ; en vieillissant on devient moins séduisant, et de ce fait amer. ”
Si après un tel fragment de littérature vous ne courrez pas acheter ce roman, il se peut que vous soyez devenu le torchon en question 😉
Nos autres articles
La voiture de sport est-elle un caprice de daron égoïste ?
La réponse est bien sûr non, et l’argumentaire qui suit...
Read MoreSaviez-vous que votre famille est l’ennemie de la société moderne ?
Et votre amour pour elle pourrait vous placer aux côtés...
Read More